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Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Document d'archive

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Boycott des commerces juifs

Allemagne, 1er avril 1933
Cette journée de boycott, organisée en réponse à la « propagande d’atrocités » (Gruelpropaganda) qui serait prétendûment diffusée par les Juifs à l’encontre de l’Allemagne, a constitué la première manifestation antijuive d’ampleur nationale organisée par les nazis. 
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC.

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L'Allemagne nazie : de la prise de pouvoir à la dictature

La conquête du pouvoir

Le NSDAP – Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (parti national-socialiste des travailleurs allemands) – issu du parti ouvrier allemand (créé en 1919) est restructuré dès 1921 par Adolf Hitler. Il s’agit, avant 1930, d’un parti d’extrême-droite parmi d’autres, qui ne représente que 2,6 % des suffrages aux élections de 1928 pour le Reichstag.

À la faveur de la crise économique de 1929, des échecs de la République de Weimar, du nationalisme engendré par le Traité de Versailles signé à l’issue de la Première Guerre mondiale (28 juin 1919) et de la fragilité de la démocratie naissante, le NSDAP gagne en importance au fil des scrutins électoraux, jusqu’à obtenir aux élections parlementaires de novembre 1932, 33,1 % des voix. Ce résultat permet à Hitler d’être nommé chancelier le 30 janvier 1933.

Il forme un gouvernement dans lequel les nazis sont minoritaires face à des conservateurs bien décidés à les utiliser pour liquider la République de Weimar au profit d’un régime autoritaire traditionnel. Il ne faut pourtant que quelques mois à Hitler pour s’emparer sans partage du pouvoir.

L’incendie du Reichstag, le 27 février 1933, est le prétexte pour interdire le parti communiste dont les leaders et 10 000 militants sont arrêtés. Dès le lendemain, Hitler obtient du président du Reich le Maréchal von Hindenburg des pouvoirs de police exceptionnels dans tous les Länder et la promulgation du « décret pour la protection du peuple et de l’Etat » qui met fin aux libertés civiles garanties par la constitution de la République de Weimar. Le 23 mars 1933, les députés du centre (Zentrum) rejoignent les nazis et les conservateurs pour voter la loi d’habilitation (promulguée le 24 mars) qui confère à Hitler les pleins pouvoirs pour quatre ans, renouvelables en cas de besoin.

La nazification de l’Allemagne

Dans les six mois qui suivent la nomination d’Adolf Hitler à la fonction de chancelier, les nazis promulguent des lois leur donnant les pleins pouvoirs pour diriger le pays. Joseph Goebbels est nommé, le 11 mars 1933, ministre de la Propagande, et se voit chargé de contrôler et de mettre en place une propagande habile et intensive dans la presse, la radio et le cinéma. Le 10 mai 1933, des étudiants et bibliothécaires « nettoient » les bibliothèques universitaires des ouvrages écrits par des auteurs jugés « indésirables » – libéraux, pacifistes, socialistes et juifs.

Les professeurs et les étudiants viennent assister à la destruction, dans de gigantesques bûchers, de milliers de livres parmi lesquels ceux de Voltaire, Karl Marx, Heinrich Heine, Sigmund Freud, Albert Einstein, Heinrich et Thomas Mann ou Berthold Brecht. L’ensemble des activités culturelles du pays est placé dès septembre 1933 sous l’autorité de la « Chambre culturelle du Reich ». Face à cette menace directe, de nombreux écrivains et artistes prennent le chemin de l’exil.

Le 14 juillet 1933, toutes les formations politiques sont interdites au profit du parti nazi, décrété parti unique. Les syndicats sont remplacés par un nouvel organisme corporatiste, le « Front du travail », contrôlé par les nazis. À partir de 1934, les fonctionnaires sont contraints de prêter un serment de loyauté à Hitler. Les discours officiels sont désormais prononcés au cours de grandes cérémonies soigneusement orchestrées, rythmées par des musiques et des défilés.

Les mouvements de jeunesse, aux premiers rangs desquels figurent les Jeunesses Hitlériennes, enrôlent et mobilisent les jeunes Allemands. Au sein de son propre camp, Hitler ne garde que les éléments les plus dévoués et les plus disciplinés : des militants de la SA (Sturmabteilung – section d’assaut) et leur chef Ernst Röhm sont ainsi éliminés dans la nuit du 29 au 30 juin 1934 lors de la « Nuit des longs couteaux » au profit des SS (Schutzstaffel – groupe de protection) dont le chef, Heinrich Himmler, est investi des pleins pouvoirs de police.

L’idéologie nazie

L’idéologie nazie, résumée par la formule « Ein Volk, ein Reich, ein Führer » (« un peuple, un Etat, un chef »), défend l’idée selon laquelle le peuple uni doit être conduit et contrôlé par un chef unique et incontesté. La vision du monde nationale-socialiste, largement développée dans le livre d’Hitler Mein Kampf, est fondée sur un principe d’inégalité des races qui détermine de manière immuable la place de chacun dans la hiérarchie des peuples.

On trouve au sommet de cette hiérarchie les Aryens, présupposés fondateurs de l’humanité, incarnés par les Allemands, peuple de maîtres à qui il revient de dominer le monde. Au bas de la hiérarchie sont placés les Slaves et, bien en dessous, les Juifs, envers lesquels Hitler éprouve et exprime une haine exceptionnelle. L’antisémitisme est d’ailleurs au centre de la conception nazie du monde.

Si Hitler se présente comme un théoricien novateur, le mythe qu’il développe à propos des Juifs puise ses racines dans le passé fort ancien de l’antisémitisme chrétien et celui de l’antisémitisme moderne né au XIXe siècle. Afin de mettre en place par tous les moyens, y compris la terreur, un modèle d’homme nouveau conforme aux références biologiques nazies, la SS pénètre tous les secteurs de la vie publique et privée. Entre 1934 et 1945, environ 400 000 Allemands sont stérilisés de force, par rayon X, méthode utilisée plus tard sur les Juifs dans les camps de concentration.

Les premiers camps de concentration

Plusieurs camps sont ouverts dès 1933 : Dachau, Oranienburg et Emsland. En 1939, l’IKL (Inspektion der Konzentrationslager) contrôle sept camps principaux où sont enfermées plus de 21 000 personnes : Dachau, Oranienburg-Sachsenhausen, Buchenwald (ouvert en 1937), Flossenburg (ouvert en 1938), Mauthausen (en Autriche, ouvert en 1938), Ravensbrück, camp de femmes, et le Stutthof (ouverts en 1939), ainsi que des camps satellites, les Kommandos. L’existence de ces camps, où sont détenus par « mesure d’assainissement public » des militants antinazis, des Juifs et des « asociaux » n’est nullement tenue secrète.

Elle s’appuie sur la loi du 14 octobre 1933 qui permet la détention des individus pour une durée indéterminée, tant que les autorités de police l’estiment nécessaire et sans qu’aucun jugement ne soit prévu. Dès leur entrée dans les camps, les Juifs, détenus principalement à Dachau, Buchenwald et Sachsenhausen, font l’objet d’un traitement particulièrement brutal, certains y sont assassinés ou meurent d’épuisement.

À partir de 1937, la population des camps augmente en raison du durcissement du régime et pour répondre au besoin de main d’œuvre. Les Témoins de Jéhovah et les Tsiganes sont également victimes de l’internement.

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