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Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Le Comité français pour Yad Vashem

tad vashem

Le Comité français œuvre pour faire connaître et honorer les Justes des nations.
Le site explique qui sont les Justes, pourquoi et comment ils sont honorés par le mémorial Yad Vashem. Il recense l’ensemble des Justes de France, racontant pour chacun l’histoire qui lui a valu d’être reconnu comme tel. Il invite également à faire reconnaître les personnes qui méritent ce titre. Une base de données permet de consulter librement des témoignages (formats audio, vidéo, texte) et des travaux universitaires sont téléchargeables.

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Etude de cas : Les « Justes de France » (1940-1944)

Pendant la Seconde guerre mondiale, en Europe, un certain nombre d’hommes et de femmes non-juifs ont aidé des Juifs en leur fournissant secours, nourriture, vêtements, abris, caches, faux-papiers… En France, c’est notamment à partir des rafles organisées à l’été 1942 dans les deux zones que les gestes de solidarité ou de sauvetage se multiplient. Les personnes ayant fourni de l’aide aux persécutés l’ont fait individuellement ou au sein de réseaux, et étaient de toutes conditions sociales, d’opinions et de religions différentes.

En 1953, une loi israélienne qui institue le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, crée le titre de « Juste ». Un alinéa de cette loi prescrit de rendre hommage aux « Justes parmi les Nations qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs en tout désintéressement ». A ce jour, le Mémorial de Yad Vashem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à plus de 20 000 personnes en Europe.

En France, plus de 3 000 personnes ont été honorées, même si la grande majorité des Justes demeure encore anonyme. Les Justes sont aujourd’hui honorés en France : une allée des Justes leur est dédiée à Paris au Mémorial de la Shoah et une plaque leur rend hommage au Panthéon. Le 16 juillet est la « Journée nationale à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux Justes de France ». L’action de ces Justes a contribué à ce que les trois-quarts des 333 000 Juifs vivant en France survivent et échappent à la déportation.

Le rôle des organisations juives et non juives

Suite aux premières mesures antijuives, un certain nombre d’organisations juives se consacrent à venir en aide aux Juifs : soutien matériel, aide aux plus démunis et aux internés, création de cantines populaires, de dispensaires médicaux et de maisons pour accueillir des enfants. Parmi ces organisations, on compte l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants), le Comité de la rue Amelot qui apporte une aide matérielle à de nombreux Juifs de Paris, la WIZO (Women International Zionist Organisation), une organisation sioniste féminine internationale, ou encore les EIF (Éclaireurs israélites de France).

En 1941, les autorités allemandes obtiennent du gouvernement de Vichy la création de l’UGIF (censée regrouper toutes les organisations juives existantes). En réalité, un certain nombre d’entre elles vont réussir à conserver leur autonomie et développer une activité clandestine au service des Juifs. A partir de 1942, l’intensification des rafles, des arrestations et des déportations des Juifs contraint les organisations juives à mettre en place des structures dont certaines sont clandestines et à donner momentanément la priorité au sauvetage des enfants (service familial clandestin de la WIZO, la Sixième créée par les EIF, réseau Garel).

Les actions de sauvetage menées par les réseaux juifs bénéficient du soutien logistique d’organisations non juives, pour la plupart humanitaires ou religieuses, comme la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués), une œuvre protestante créée en 1939 pour venir en aide aux populations évacuées des départements frontaliers avec l’Allemagne et qui se spécialise peu à peu dans le sauvetage des Juifs, ou encore l’Amitié chrétienne qui regroupe des catholiques et des protestants, s’inspire des principes de la charité chrétienne et souhaite venir en aide à toutes les victimes du nazisme.

L'action des églises constituées

Au moment de l’arrivée au pouvoir de Philippe Pétain en juin 1940, les membres du clergé français se rallient au régime de Vichy et restent silencieux devant la mise à l’écart des Juifs. Cependant au sein de l’Eglise catholique des prêtres, des curés, des moines et des religieuses sont sensibles au sort des Juifs. L’aggravation de la persécution des Juifs au printemps et à l’été 1942 marque un tournant : les membres du haut clergé réagissent à leur tour et protestent publiquement (Monseigneur Saliège à Toulouse, du cardinal Gerlier à Lyon Monseigneur Théas à Montauban). Ces différentes déclarations, faites en 1942, incitent de nombreux chrétiens à passer à l’action en contribuant au sauvetage des Juifs de France.

Dès 1940, certains pasteurs protestants appellent à la résistance morale contre le nazisme. Le pasteur Marc Boegner, président de la Fédération protestante et de l’Eglise réformée de France, joue un rôle central dans la défense des droits des Juifs. En 1942, avec l’introduction du port de l’étoile jaune en zone occupée et les arrestations, les protestations des responsables protestants se multiplient : le 22 septembre, le Conseil national de l’Eglise réformée diffuse un message condamnant les persécutions dont les Juifs sont victimes.

Les différentes modalités de l'aide

L’aide prend des formes variées.

- L’aide aux Juifs commence dans les camps d’internement qui se multiplient à travers la France et dans lesquels les conditions de vie sont dramatiques (manque d’hygiène, nourriture insuffisante, maladies, épidémies, décès). Rapidement, des œuvres humanitaires se mettent au travail pour venir au secours des personnes internées dans ces camps.

- Il peut également s’agir d’aider les Juifs à quitter la France vers la Suisse ou l’Espagne au moyen du passage clandestin des frontières, une solution décisive à l’été 1942 alors que les arrestations de Juifs en zone nord comme en zone sud se multiplient et que l’immigration légale est stoppée.

- La contrefaçon, c’est à dire l’imitation ou la reproduction de documents, est essentielle dans le sauvetage. La réalisation de fausses cartes d’identité permet ainsi à un certain nombre de Juifs de changer de nom ainsi que de faire disparaître le mot « juif » tamponné sur les cartes, donc de circuler plus librement. Les cartes d’alimentation et de ravitaillement sont également nécessaires pour se nourrir et survivre, surtout en période de pénurie. Le clergé délivre de faux certificats de baptême à de nombreux Juifs, en particulier aux enfants.

- Le sauvetage des enfants mobilise rapidement toutes les énergies. Il s’agit de trouver des planques, des faux papiers, d’acheminer les enfants le plus souvent en milieu rural chez des particuliers ou des institutions religieuses pouvant les accueillir, et de créer des filières d’évasion vers la Suisse et l’Espagne. Sur près de 76 000 Juifs déportés de France, plus de 11 000 étaient des enfants. Mais plus de 85 % des enfants juifs de France ont échappé à la déportation notamment grâce au dévouement individuel de nombreux Français.

Les acteurs de sauvetage

On trouve une grande diversité de profils parmi les sauveteurs :

- Si la majorité des fonctionnaires obéissent aux ordres, certains font le choix de protéger les Juifs. Ces actes de désobéissance sont risqués et souvent difficile à entreprendre, mais ils sont très utiles et efficaces dans le sauvetage des Juifs menacés. Préfets, maires, employés municipaux, policiers ou gendarmes sont d’une grande utilité dans la fabrication de faux papiers et dans la circulation de l’information pour avertir les Juifs du danger (arrestations, rafles…), sabotant ainsi la politique antijuive du régime de Vichy et de l’occupation. Les diplomates et consuls sont également sollicités pour fournir des visas permettant aux Juifs de quitter la France.

- Les paysans sont la catégorie socioprofessionnelle la plus représentée parmi les Justes. Ce nombre s’explique par le fait que les fermes isolées des campagnes ou perchées dans les montagnes fournissent aux fugitifs juifs des abris plus sûrs que ceux situés dans les villes. De plus, les points de passage des frontières françaises ou bien ceux situés sur la ligne de démarcation sont le plus fréquemment situés en zone rurale.

- Malgré leurs petits revenus, d’autres Justes ont également secouru des Juifs en danger : ouvriers, artisans, boulangers, épiciers, cheminots.

Les zones de refuge

Dès 1940 la population juive se replie, expulsée ou de son plein gré, dans un certain nombre de lieux qui deviennent des refuges. Les régions montagneuses sont des lieux propices aux refuges, car difficiles d’accès et où il est plus facile de se dissimuler, comme dans les Cévennes, la Haute-Loire, le Cantal, le Tarn ou les Alpes. Dans le plateau Vivarais-Lignon ou dans la Sarthe, il existe une infrastructure et une tradition d’accueil qui permettent concrètement d’héberger et de recevoir des réfugiés avec l’assentiment de la majorité de la population locale. En terre protestante, une tradition culturelle et religieuse permet de créer cette chaîne de solidarité humaine utile pour l’organisation du sauvetage.

L’occupation de la totalité du territoire français par les Allemands à partir de fin 1942 complique la situation des Juifs. Ils n’ont plus alors que trois possibilités d’échapper aux poursuites et aux déportations : passer en pays étranger, rejoindre les maquis de la Résistance ou trouver un hébergement clandestin sûr. La zone d’occupation italienne, qui couvre huit départements du Sud-est, du 10 novembre 1942 au 9 septembre 1943, est aussi une terre de refuge. Les autorités italiennes y assurent la protection des Juifs, aussi bien contre les mesures allemandes que contre celles du gouvernement français.

Le cas exemplaire du Chambon-sur-Lignon et du plateau du Vivarais-Lignon (Haute-Loire)

Le village de Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) a la particularité d’avoir reçu de façon collective, en 1988, la médaille des Justes pour le dévouement spontané de toute sa population. Département agricole et d’élevage, au climat difficile en hiver, faiblement peuplé, constitué de villages isolés souvent difficile d’accès, la Haute-Loire, et plus particulièrement le plateau du Vivarais-Lignon dont le Chambon-sur-Lignon, a une longue tradition d’aide en faveur des déshérités. C’est une terre protestante.

Fin 1937, les premiers réfugiés sont des Espagnols qui fuient la guerre civile puis des antinazis et des Juifs qui ont quitté l’Allemagne et l’Autriche. Dès l’hiver 1940-1941, la guerre amène une autre vague de réfugiés, notamment les Juifs. Ces derniers, parmi lesquels des enfants arrachés aux camps d’internement, parviennent sur le plateau grâce aux nombreux réseaux de sauvetage mis en place notamment avec les organisations de la résistance juive. Les œuvres humanitaires protestantes et catholiques jouent également un rôle important dans la création de centres d’hébergement.

Près de douze maisons d’enfants, trente neuf pensions de famille, des dizaines de fermes hébergent des centaines de réfugiés. Plus de 2 500 Juifs sont passés par le Chambon. Le Chambon a également servi de relais à des filiales de passage en Suisse, et abrite des réseaux de confection de faux papiers. La dimension exceptionnelle des actes de sauvetage et le nombre de sauveurs dans ce village doit beaucoup à l’action des pasteurs Theis, Guillon et Trocmé.

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