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Le génocide des arméniens (1915-1916)

D’avril 1915 à décembre 1916, entre 1 200 000 et 1 500 000 Arméniens, citoyens de l’Empire ottoman, furent assassinés sur ordre du comité central du parti Union et Progrès. Ce crime, précédé par une première vague de massacres pré-génocidaires perpétrés en 1895 et 1896 (entre 200 000 et 250 000 victimes) fut soigneusement planifié et exécuté selon un programme en trois temps :

1/ L’élimination des élites de la capitale, Constantinople, les 24 et 25 avril 1915 – les soldats arméniens de l’armée ottomane ayant été auparavant désarmés.

2/ De mai à juillet 1915, l’élimination presque totale de la population arménienne dans les provinces anatoliennes orientales de l’empire (où vivaient plus de la moitié des Arméniens et qui étaient le centre historique de ce peuple depuis vingt-sept siècles). Les villages arméniens sont rasés après que la population ait été tuée. Dans les bourgs et les villes, les notables sont tués en premier, puis les autres hommes, près de leur domicile dans des endroits retirés ; les femmes, les enfants et les vieillards, sont déportés à pied le long de chemins de montagne. Ces convois de déportés sont régulièrement décimés, de telle sorte que la déportation est la technique principale du génocide. Les victimes meurent de soif, de faim, de maladie mais sont aussi exécutées de manière isolée ou en masse. Des femmes et des enfants sont enlevés et convertis de force.

3/ À partir d’août 1915, les Arméniens du reste de l’empire, à l’exception de ceux de Constantinople et de Smyrne, sont déportés en famille, par chemin de fer, et, à partir d’Alep – point de convergence des convois – dirigés vers la Syrie où 120 000 survécurent, ou le long de l’Euphrate où tous périssent, soit dans des camps de concentration, soit dans des zones de regroupement, comme Deir-es-Zor où ils sont exterminés à la fin de 1916.

En deux ans, les deux tiers des Arméniens de l’empire ottoman ont donc été victimes d’un génocide perpétré pour des raisons à la fois idéologiques et politiques. Une fraction du parti politique Union et Progrès voyait dans les Arméniens le principal obstacle à l’unification des Turcs de l’Empire ottoman et du Caucase, et même d’Asie centrale.

Selon les historiens, ses spécificités en font l’événement présentant le plus de similarités avec le génocide des Juifs : une planification génocidaire opérée par un Etat ; le rôle d’une organisation criminelle – l’Organisation spéciale dans le cas du génocide arménien – dans la perpétration des meurtres ; une population visée car considérée comme un danger mortel ; l’arrière-plan d’une guerre mondiale qui conduit à la chute du régime responsable du génocide.

Aujourd’hui, alors que les nations sont de plus en plus nombreuses à reconnaître ce génocide, le génocide des Arméniens continue à être nié par les autorités turques qui se livrent à un véritable négationnisme d’Etat.

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