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Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

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Le centre de mise à mort de Belzec

Le musée – Mémorial de Belzec a été fondé en 2004. Il est rattaché au musée d’Etat de Majdanek. Il comprend une exposition permanente portant sur l’histoire du camp de Belzec et l’Aktion Reinhardt, ainsi qu’un imposant mémorial érigé sur l’emplacement de l’ancien camp.

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Etude de cas : le centre de mise à mort de Belzec (1941-1943)

Un premier camp de travail

Belzec est situé le long de la ligne de chemin de fer Lublin-Lvov, dans le sud-est de la Pologne, à la frontière actuelle entre la Pologne et l’Ukraine. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette petite ville est intégrée dans la zone du Gouvernement général de Pologne.

Elle dépend, durant l’occupation allemande, du district de Lublin qui compte de nombreuses communautés juives. Les Allemands y créent un camp de travail en 1940, où les Juifs sont contraints d’édifier des fortifications et des fosses antichar, le long du fleuve Bug. Celui-ci marque la démarcation entre les portions de la Pologne respectivement occupées par les Allemands et par les Soviétiques. Ce camp de travail est démantelé à la fin de 1940.

Le site est réutilisé un an plus tard dans le cadre de l’Aktion Reinhardt pour accueillir un centre de mise à mort, modèle à partir duquel sont conçus et construits les camps de Sobibor et Treblinka.

Le fonctionnement du centre de mise à mort

En novembre 1941, les Allemands lancent la construction d’un centre de mise à mort, à moins de 500 mètres de la gare de Belzec, une petite déviation de la voie ferrée reliant le camp et la gare. Placé sous le commandement du SS-Sturmbannführer Christian Wirth – qui avait pris une part déterminante dans la mise en place du programme d’ « euthanasie » T4 – le camp, de taille modeste, mesure environ 300 mètres de côté.

De fines branches tressées dans la clôture en fil de fer barbelé et les arbres plantés autour du périmètre servent de camouflage. Il est gardé par une trentaine de SS qui sont assistés par 120 gardes ukrainiens passés le camp de formation de Trawniki. Les Allemands divisent Belzec en deux secteurs : dans le camp n° 1, lui-même divisé en deux parties, se trouvent d’une part les bâtiments administratifs et le baraquement réservé aux gardes ukrainiens et d’autre part la zone de réception des déportés qui comprend des entrepôts (servant à stocker les effets personnels des Juifs assassinés) et les baraques des prisonniers juifs du Sonderkommando – qui va compter jusqu’à un millier d’hommes – chargés d’extraire les corps des chambres à gaz et de trier les objets des déportés.

Le camp n° 2 comprend les chambres à gaz, les fosses communes où sont enterrés les corps des victimes et les bûchers sur lesquels ceux-ci seront plus tard brûlés pour faire disparaître toute trace du massacre. Un chemin fermé de petites dimensions, surnommé par les nazis le Schlauch (boyau), relie le camp n° 1 au camp n° 2.

Les opérations de gazage à Belzec commencent à la mi-mars 1942. Des trains de 40 à 60 wagons, avec 80 à 100 personnes entassées par wagon et de 3 à 6 000 personnes par convoi, arrivent à la gare de Belzec. Les wagons sont amenés, vingt par vingt, de la gare dans le camp. Ordre est donné aux victimes de débarquer sur la plate-forme de la zone de réception. Les officiers allemands annoncent aux déportés qu’ils sont arrivés dans un camp de transit, qu’ils doivent remettre tous les objets de valeur qui sont en leur possession et qu’ils vont passer à la douche avant leur transfert vers l’Est.

Les hommes sont brutalement séparés des femmes et des enfants. Tous sont forcés de se déshabiller, les femmes sont tondues et les déportés sont contraints de courir dans le « boyau » qui conduit directement aux chambres à gaz camouflées en douche. Le processus s’enchaîne vite et violemment de manière à ne pas laisser aux victimes le temps de réagir. Une fois les portes des chambres fermées hermétiquement, les gardes de la police auxiliaire démarrent un moteur qui est installé dans une cabane à l’extérieur. Le monoxyde de carbone, produit par le moteur d’un char et acheminé par des tuyaux dans la chambre à gaz, tue lentement toutes les personnes enfermées.

Les membres du kommando juif sont contraints de retirer les corps des chambres à gaz et de les faire disparaître. De l’arrivée des wagons à la fin des opérations de triage, l’opération dure environ trois heures. Belzec a connu une première phase d’activité du 17 mars 1942 à la mi-mai 1942 et était alors dotée de trois chambres à gaz en bois de taille relativement petite. A la mi-mai 1942, les SS profitent d’un ralentissement de l’activité du camp pour construire six chambres à gaz en béton ayant la capacité d’assassiner 1 500 personnes à la fois.

La destruction des preuves

A l’automne 1942, les Allemands commencent à exhumer les corps des victimes enterrés dans d’immenses fosses communes et à les brûler dans des fours à ciel ouvert faits de traverses de voie ferrée. Ce « nettoyage » s’achève à la fin du printemps 1943, quand tous les cadavres ont été brûlés. Le centre de mise à mort de Belzec est définitivement démantelé entre décembre 1942, date de l’arrêt des opérations de gazage et juillet 1943.

Les prisonniers restants, qui ont été assignés comme main d’œuvre du camp, sont soit abattus à Belzec, soit déportés vers le centre de mise à mort de Sobibor et assassinés. Une fois le camp de Belzec démantelé, les Allemands installent un Ukrainien et sa famille dans une ferme et plantent des arbres. L’armée soviétique libère la zone du camp de Belzec à l’été 1944. Seuls deux prisonniers du Sonderkommando, Rudolf Reder et Haïm Hirszman, ont survécu à la guerre et ont témoigné devant diverses commissions d’enquête sur les crimes nazis.

Bilan

Entre mars et décembre 1942, entre 500 et 600 000 personnes ont été acheminées à Belzec pour y être assassinées. La plupart des victimes sont des Juifs des ghettos du sud de la Pologne (Lublin, Lvov, Cracovie). Les Allemands déportent aussi à Belzec des Juifs d’Allemagne, d’Autriche, de Bohème-Moravie. Plusieurs centaines de Tsiganes y sont également assassinées.

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