Dans les années 1980 et 1990 se sont tenus en France plusieurs procès jugeant les responsables des persécutions antisémites perpétrées en France pendant la Seconde Guerre mondiale, au titre de la loi votée à l’unanimité par le parlement français le 26 décembre 1964 et introduisant le caractère imprescriptible du crime contre l’humanité, tel que défini par la charte du Tribunal militaire international de Nuremberg. Ces épisodes judiciaires très médiatisés ont contribué à inscrire le sort des Juifs de France dans la mémoire nationale.
Le procès de Klaus Barbie (1913-1991) s’ouvre devant la cour d’assises de Lyon en 1987. L’accusé, chef de la section IV du Sipo de Lyon pendant la guerre, était chargé de la répression contre la résistance à l’occupant allemand de novembre 1942 à septembre 1944. Surnommé « le boucher de Lyon », il fut responsable de plus de 10 000 arrestations, 1 046 fusillés et plus de 6 000 morts ou disparus. Il traqua sans merci les résistants et les Juifs. Le 6 avril 1944, il envoya dans les chambres à gaz d’Auschwitz 44 enfants âgés de trois à seize ans, raflés dans la maison d’Izieu. Reconnu coupable de crimes contre l’humanité, Barbie est condamné à perpétuité pour crime contre l’humanité le 4 juillet 1987. Son procès constitue un jalon essentiel dans la mémoire des « années noires » en France mais n’a pas été sans difficulté, occasionnant un âpre débat entre victimes juives et anciens résistants sur la portée et la définition de la notion de « crime contre l’humanité ».
Alors que le procès Barbie a mis en lumière la répression conduite par les Allemands en France, les procès Touvier (1994) et Papon (1998) ciblent eux directement les responsabilités françaises dans la persécution des Juifs de France. Paul Touvier (1915-1996) est jugé pour complicité de crime contre l’humanité devant la cour d’assises de Versailles, entre le 17 mars et le 20 avril 1994. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir fait exécuter 7 Juifs à Rillieux-la-Pape en juin 1944 – afin de venger l’exécution par la Résistance du collaborateur Philippe Henriot – alors qu’il était chef de la Milice à Lyon. Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, est lui jugé entre octobre 1997 et avril 1998 et condamné pour complicité de crime contre l’humanité à 10 ans de réclusion pour ses responsabilités dans la déportation des Juifs de Gironde.
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