Témoignage recueilli en 2004 par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris.
Fils unique d'un père polonais et d'une mère française, Charles Baron, né en 1926 à Paris, est "mis à l'abri" à Cernay-la-Ville (Yvelines) chez ses grands-parents lorsque la guerre éclate. Raflés le 16 juillet 1942, ses parents sont emmenés à Drancy, puis à Auschwitz. Sa mère est immédiatement gazée, son père subit les expériences du médecin nazi Paul Kremer, avant de mourir.
Apprenti maroquinier à Paris, Charles Baron est arrêté à 16 ans, un dimanche de septembre 1942, en revenant de chez ses grands-parents. "Gosse de la communale", où il n'avait jamais ressenti l'antisémitisme, il "aurait préféré être arrêté par des Allemands" plutôt que par des Français comme lui. De Drancy, il est dirigé vers un premier camp, Cosel, en Silésie.
Il en subira sept autres avant d'arriver à Birkenau (Auschwitz II), où ses parents ont péri et où il échappera de justesse à la chambre à gaz. Il échoue en Bavière, dans une usine d'armes secrètes, aux conditions de travail "abominables". Quand les troupes américaines se rapprochent, il est de nouveau déporté vers Dachau, dans un train dont il s'échappera avec un ami, sous les cris des SS.
Il pèse 29 kg à la libération. "Quand l'un d'entre nous allait mourir, il nous demandait de raconter aux autres" : Charles Baron a raconté l'horreur et l'inhumanité dès son retour en France, sans qu'on l'ait écouté. Il est récemment retourné à Birkenau, avec ses petits-enfants.