S'inscrire à la newsletter

Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Témoignage recueilli en 2004 par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris.

Ses parents avaient fui l'antisémitisme de la Pologne, cinq ans avant sa naissance, en 1929 à Paris. S'ils envoient Ida, en juin 1940, chez une nourrice à Jeune-Lié, près de Melle (Deux-Sèvres), c’est parce que les conditions de vie y sont meilleures et non par crainte de mesures antisémites. Ida "ignore tout de ce qui se passe à Paris", jusqu’à ce son père lui annonce, dans une lettre, l’arrestation de sa mère lors de la rafle du Vél' d'Hiv, en juillet 1942. Elle-même est arrêtée, dans la nuit du 30 janvier 1944, chez sa nourrice, au grand dam de cette dernière, par trois gendarmes français.

Interrogée à Niort pour lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle est transférée à Drancy, qu'elle quitte pleine d'espoir : on lui dit que "ceux qui ont de la famille déportée vont la rejoindre". Après un voyage en train dans la promiscuité et la puanteur, elle arrive à Birkenau, le 13 février 1944. Débarrassée deux ans plus tôt de ses nattes, Ida paraît plus âgée que ses 14 ans, et évite ainsi la chambre à gaz, où étaient envoyés d’office les moins de 15 ans. Elle comprend qu'elle ne retrouvera pas sa mère. Affectée à un commando des pierres, puis des pommes de terre, elle travaille ensuite dans une usine d’armement.

En janvier 1945, les Allemands évacuent Auschwitz, et une terrible "marche de la mort" emmène Ida jusqu’à Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne), puis à Ravensbrück. Malade du typhus, elle est envoyée dans une annexe du camp, à Neustadt, où elle est soignée par Wanda, une infirmière polonaise déportée pour résistance. "Je l’ai cherchée pendant cinquante-six ans." Mais lorsqu’Ida la retrouve enfin à Varsovie, elle est dans le coma depuis deux jours.

En mai 1945, c’est en brouette que les soldats soviétiques l’évacuent vers un hôpital militaire. Rapatriée au Bourget en avion, elle apprend que son père, déporté mi-1944, ne reviendra pas. Depuis les années 1980, Ida témoigne régulièrement dans les écoles. Elle a écrit son histoire avec Bertrand Poirot-Delpech, dans un livre intitulé J’ai pas pleuré (Robert Laffont).