Témoignage recueilli en 2004 par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris.
Né à Lyon en 1925, dans une famille juive originaire du Maroc, Maxi Librati est l’aîné d’une fratrie de seize enfants, dont il sera le seul déporté. Il grandit dans un milieu populaire à Saint-Fons (banlieue de Lyon). Ses parents sont illettrés, et la famille suit peu les informations à la radio. Arrêté dans un train, alors qu’il était parti avec des amis chercher du ravitaillement à la campagne, il ignore totalement l’existence d’une quelconque menace pesant sur les juifs : "Jusqu’à mon arrestation [en juillet 1943], je n’avais jamais entendu parler de déportation ni d’arrestation."
Envoyé à la prison du fort Montluc, il tente d’envoyer une lettre à ses parents, ce qui lui vaut d’être isolé dans une cellule, sans nourriture pendant cinq jours. Il est par la suite transféré à Drancy, puis part pour Birkenau, le 2 septembre 1943. Il y reste trois semaines, avant d’être transféré dans un camp du ghetto de Varsovie, où il est affecté au Todtkommando ("commando de la mort"), chargé de brûler les cadavres. Il attrape le typhus.
Envoyé à l’infirmerie, il impressionne le kapo par ses talents de fils aîné habitué aux travaux ménagers et devient garçon de chambre. L’avancée soviétique pousse les Allemands à évacuer le camp en juillet 1944. Maxi est transféré à Dachau, près de Munich, à l'issue d'une "marche de la mort" d'une centaine de kilomètres. Il est libéré par les Américains, le 30 avril 1945 à Allach, autre camp de Bavière.
Lorsqu'il revient à Paris, il pèse 29 kg. Il retrouve à Lyon ses parents, frères et sœurs, qui avaient été cachés à la campagne par le patron du père de Maxi, plus tard décoré de la médaille des Justes. Maxi fait ensuite carrière dans le vêtement. Il parvient à ouvrir son propre magasin, pour lequel Paco Rabanne a conçu quelques modèles, à ses débuts.