S'inscrire à la newsletter

Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Témoignage recueilli en 2004 par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris.

Sa mère avait eu "l'idée géniale" de lui mettre un pantalon long, pour tenter de le faire passer pour un homme. C'était en 1943. Samuel Pisar, 14 ans, quittait Bialystok, sa ville natale de Pologne. Les nazis y avaient d'abord rassemblé tous les juifs dans un ghetto où son père avait été assassiné par la Gestapo. Une fois le ghetto rasé, tous ses habitants furent déportés. Sans ce pantalon et son aplomb, Samuel aurait été gazé, comme sa petite sœur et sa mère, au camp d'extermination de Majdanek, près de Lublin (Pologne). Il y devint, dit-il, "un animal guettant le danger de mort à l'instinct".

Durant son transfert à Auschwitz-Birkenau, début 1944, la moitié des occupants de son wagon succombent. Dans ce camp où il scelle un "pacte de survie, essentiel et crucial", avec deux amis débrouillards, Samuel Pisar, malade du typhus, battu à plusieurs reprises, évite la mort à quatre reprises devant Mengele.

Transféré de camp en camp à l'approche des Alliés, il s'évade, avec ses deux amis, de la "marche de la mort" vers Dachau, sous les bombes. Et tombe à genoux devant un soldat américain, qui prend un "squelette" dans ses bras. Embauché par l'US Army, le trio s'empare ensuite de motos allemandes, pour jouir d'une liberté folle en Bavière. "J'étais bien parti pour devenir gangster." Surgissent son oncle et sa tante français, qui le convainquent de venir à Paris, où il réapprend à vivre. Deux autres oncles l'accueillent en Australie, où il réapprend à apprendre, avec le même acharnement qu'il avait mis à survivre.

Il réussit dans les meilleures universités, dont Oxford et la Sorbonne. Pour sa thèse à Harvard, il rencontre "un jeune homme nommé Kennedy", dont il deviendra plus tard le conseiller sur la guerre froide. Paru en 1979, son récit Le Sang de l'espoir (Robert Laffont) reste son livre le plus vendu et traduit. Aujourd'hui, Samuel Pisar, père et grand-père, s'estime "inquiet" et veut dire aux jeunes que "leur monde peut s'effondrer", comme s'effondra le sien.