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Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Témoignage recueilli en 2004 par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris.

Yvette Dreyfus (épouse Lévy) est née à Paris en 1926, de parents juifs, originaires d'Alsace. Son père étant embauché par les Grands Moulins de Pantin, la famille déménage à Noisy-le-Sec, en banlieue parisienne. Elle est élevée, avec ses deux frères, dans le respect des traditions juives, mais ses parents sont "plutôt modernes". La perspective de la guerre avec l'Allemagne nazie n'inquiète guère les Dreyfus : "On n'y prêtait pas attention." Après l'exode qui emmène la famille jusqu'à Tours, sous le feu constant de l'aviation de l'Axe, les Dreyfus reviennent à Noisy et subissent bientôt les premières mesures antijuives : "Rentrer à l'école avec l'étoile, c'était pas facile." L'hostilité d'une de ses professeurs la pousse à rejoindre un cours commercial. Pourtant, "on était persuadés qu'il ne nous arriverait rien", se souvient-elle.

Monitrice aux Eclaireurs israélites de France, Yvette accueille, rue Claude-Bernard à Paris, des enfants de déportés, jusqu'à leur dispersion dans la clandestinité. Son groupe d'éclaireuses est arrêté par la Gestapo le 22 juillet 1944, et transféré à Drancy, où elles arrivent "en chantant pour garder le moral". La libération semble proche, et les jeunes filles sont convaincues d'échapper à la déportation. Pourtant, le 31 juillet, elles partent pour Auschwitz, dans un convoi de 1 300 personnes, dont un bébé de 15 jours né à Drancy, et beaucoup d'enfants.

Dans le bloc de quarantaine de Birkenau, les "demoiselles de Paris" sont mal accueillies par d'anciennes déportées d'Europe centrale. Elles découvrent l'horreur de l'extermination et des sélections. En octobre 1944, Yvette est transférée dans un camp de Tchécoslovaquie. Elle travaille dans une usine d'armement, avec des ouvriers allemands et tchèques. Ce camp étant littéralement abandonné par les SS un jour d'avril 1945, Yvette et ses camarades organisent péniblement leur rapatriement en France.

Mariée à un juif caché à Marseille durant la guerre, Yvette Lévy consacre depuis plusieurs années une partie importante de son temps à témoigner. Retourner à Birkenau est pour elle "une victoire sur les nazis" : "Nous sommes toujours là pour raconter ce qui s'est réellement passé."