La découverte de l'horreur
Les survivants, pour la plupart des malades restés à Auschwitz-Birkenau après l’évacuation du camp, sont mis en scène pour être photographiés par les soldats soviétiques quelques jours après la libération du camp. © Mémorial de la Shoah / CDJC.
Lorsque les soldats des armées alliées pénètrent dans les camps, ils sont confrontés de plein fouet à une réalité qu’ils ignorent, celle de l’univers concentrationnaire nazi fait de charniers, de mourants et de corps squelettiques en tenues rayées, trop faibles pour se mouvoir.
Les principaux centres de mises à mort ont été liquidés pendant la guerre (Treblinka, Sobibor et Belzec). Le camp de Lublin-Maidanek, est vidé de ses détenus fin juillet 1944 en prévision de l’avancée de l’Armée rouge, tandis que le camp de Chelmno est incendié les 17 et 18 janvier 1945.
Auschwitz est libéré fortuitement par l’Armée rouge dans l’après midi du 27 janvier 1945. Elle y trouve environ 7 000 ombres vivantes et des centaines de cadavres. Quelques jours auparavant, les nazis avaient jeté sur les routes les détenus encore valides afin de les évacuer vers d’autres camps. Durant ces « marches de la mort » plusieurs centaines d’entre eux sont abattus sommairement ou meurent de fatigue.
Les survivants de ce long périple sont dispersés dans les camps de concentration allemands et autrichiens. C’est dans la même improvisation que ces camps, situés plus à l’Ouest, sont libérés en avril 1945 par les États-Unis (Ohrdruf, Nordhausen, Buchenwald, Dachau, Mauthausen) et les Britanniques (Bergen-Belsen).
Confrontés à l’horreur, les soldats des armées alliées ne disposent d’aucune équipe médicale, ni d’instructions particulières pour secourir les détenus qui continuent à mourir sous leurs yeux, victimes des épidémies ou d’indigestions.
Le retour des déportés
À la Libération, les armées alliées évaluent à 18 millions le nombre de personnes déplacées de leurs foyers. Dès la fin des combats, les rescapés se mettent en mouvement à travers l’Europe afin de regagner leurs foyers, retrouver leurs familles et tenter de reconstruire leurs vies. La lenteur des rapatriements organisés par les Alliés contraint certains rescapés à rentrer des camps par leurs propres moyens.
À la fin de l’année 1945, la plupart d’entre eux ont été rapatriés par les autorités militaires alliées ou le seront plus tard par l’UNRRA (United Nations Rehabilitation and Relief Administration), l’organisme de secours des Nations Unies. Toutefois, à la fin du mois d’octobre 1945, un million de personnes déplacées (displaced persons, D.P.), dont 250 000 Juifs, principalement originaires d’Europe centrale et orientale, sont toujours internées, essentiellement en Allemagne (185 000), en Autriche (45 000) et en Italie (20 000).
Parmi elles, les rescapés de la Shoah qui ne souhaitent pas rentrer dans leurs pays d’origine où ils ont subi de terribles épreuves.