Ignorant le sort qui leur était réservé, confrontés à la puissance militaire nazie, persuadés que l’Etat dont ils étaient citoyens les protégerait, les Juifs ne basculent que progressivement dans la clandestinité. Le projet nazi prévoyait la destruction totale du peuple juif, par conséquent, tenter de survivre en échappant à la menace était l’objectif prioritaire de la population juive et la première forme de Résistance.

Dès le début de la guerre, à travers toute l’Europe occupée par les nazis, de nombreux Juifs s’engagent dans des réseaux de résistance intérieure ou des maquis pour y défendre les mêmes valeurs que les autres résistants. Des mouvements de résistance et de sauvetage plus spécifiquement juifs se mettent progressivement en place. L’objectif est alors de sauver physiquement les Juifs en leur procurant des faux papiers, en leur permettant de se cacher ou de franchir une frontière. Des groupes de combat, rattachés ou non à la résistance nationale, émergent également.

Dans les ghettos, la lutte pourtant vouée à l’échec, vise à rendre leur dignité aux Juifs. Les premiers signes de résistance dans le ghetto se traduisent par une intense activité sociale, religieuse, culturelle et artistique. Certaines personnes s’attachent à tenir des chroniques relatant la vie dans le ghetto, d’autres collectent des documents et des preuves afin de témoigner pour le futur, parmi eux Emmanuel Ringelblum et Chaïm Kaplan à Varsovie et le juriste Avraham Tory à Kovno.

Dans le ghetto de Varsovie, où les déportations commencent à l’été 1942, les organisations de jeunesse créent l’Organisation juive de combat, dirigée par Mordehaï Anielewicz, après qu’une première organisation sioniste ait vu le jour en 1941.

En janvier 1943, l’OJC oppose aux Allemands une première résistance aux déportations. En avril 1943, quelques centaines de jeunes Juifs, très peu armés, repoussent une armée allemande de 2 000 hommes, venue détruire le ghetto et résistent trois semaines, livrant de durs combats de rue. Des groupes de partisans juifs sont également créés hors des ghettos : ils harcèlent les troupes allemandes sur leurs arrières.

Dans les camps d’extermination, chaque détenu qui se bat pour survivre, physiquement et psychologiquement, fait acte de résistance. À Treblinka, en août 1943, Sobibor, en octobre 1943 et Auschwitz, en octobre 1944, des détenus Juifs trouvent la force de se soulever. À Birkenau des membres du Sonderkommando se révoltent, munis de haches et de marteaux, incendient le crématoire IV et tuent trois SS. Comme à chaque fois, la révolte est noyée dans un bain de sang et les détenus qui sont parvenus à s’échapper sont presque tous abattus.

La résistance et le sauvetage des Juifs sont également rendus possibles par l’aide que leur apportent des non-Juifs, diplomates, paysans, ecclésiastiques, fonctionnaires, industriels. Individuellement ou au sein de réseaux – à l’instar de l’organisation clandestine polonaise Zegota créée en décembre 1942 pour venir en aide aux Juifs – ils fournissent aux persécutés secours, nourriture, vêtements, abris, caches, faux-papiers.

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