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Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Visites pédagogiques

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Auschwitz

Le camp d’Auschwitz, qui abrite le plus important centre de mise à mort en activité pendant la guerre, occupe une place centrale dans la représentation de la Shoah. C’est en particulier le cas en France où 69 000 des 76 000 Juifs déportés pendant la guerre le furent en ce lieu. La plupart y furent assassinés dès leur arrivée.

Document d'archive

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Vue aérienne du complexe d'Auschwitz

26 juin 1944.
La « zone d’intérêt du camp » d’Auschwitz s’étendait sur 40 km², autour des trois camps principaux qu’étaient le Stammlager Auschwitz I, Auschwitz II-Birkenau et Auschwitz III-Monowitz et d’une quarantaine de sous-camps.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC

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Etude de cas : le complexe d’Auschwitz-Birkenau (1940-1945)

Auschwitz, camp de concentration et d’extermination

Le 27 avril 1940, Himmler donne l’ordre d’aménager un camp de concentration dans les anciennes casernes de l’artillerie polonaise à Oswiecim, rebaptisé Auschwitz. Construit par des Juifs de la ville requis par les nazis, le camp d’Auschwitz reçoit un premier transport de prisonniers polonais, le 14 juin 1940.

En mars 1941, Auschwitz s’étend sur 40 km² et compte 11 000 prisonniers, majoritairement polonais.

Le 1er mars 1941, Himmler en demande l’élargissement à 30 000 prisonniers et décide la construction d’un second camp pour 100 000 prisonniers de guerre sur le site du village voisin de Brzezinka (Birkenau), distant d’environ trois kilomètres. Mais dans la seconde moitié de l’année 1941, Himmler informe les autorités du camp du projet d’extermination en masse des Juifs d’Europe. Birkenau est alors désigné pour être le camp de rassemblement et d’extermination des Juifs d’Europe de l’ouest.

Le site est loin des capitales d’Europe occidentale et l’extermination pourra s’y dérouler discrètement. De plus, il est desservi par un important réseau ferroviaire qui facilitera l’acheminement des convois de déportés.

Au printemps 1941, plusieurs Kommandos de prisonniers sont constitués en camps satellites dans des fermes pour des travaux agricoles, dans des usines, des fonderies, des mines. Le premier et le plus important de ces camps est celui de Buna-Monowitz autour d’une usine de caoutchouc synthétique et d’essence IG Farben. Le complexe d’Auschwitz constitué de trois camps, le camp principal (Auschwitz I), Birkenau (Auschwitz II) et Monowitz (Auschwitz III), devient le plus vaste et le plus peuplé des camps de l’univers concentrationnaire nazi.

Les mécanismes de mise à mort

L’efficacité du Zyklon B, un produit insecticide, est d’abord testée en septembre 1941 sur 600 prisonniers de guerre soviétiques et 250 détenus polonais. Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz, juge le procédé plus sûr que le monoxyde de carbone utilisé dans les camions à gaz. Dans un premier temps, les gazages ont lieu dans la morgue du crématoire I. Par la suite, pour plus de discrétion, les opérations sont transférées à Birkenau dans une ferme transformée à cet effet et qui reçoit le nom de bunker n° I.

Les transports de Juifs sont dirigés sur la rampe de déchargement de la gare de marchandises d’Auschwitz puis amenés au bunker. A la descente du train, les déportés doivent laisser sur place tous leurs biens personnels. Les vêtements, chaussures, prothèses, lunettes et autres objets sont récupérés et triés dans un entrepôt appelé « Kanada ». Ces effets sont en grande partie récupérés et envoyés en Allemagne pour être distribués à la population civile.

À partir de juillet 1942, la sélection est pratiquée sur chaque transport. Les hommes d’un côté, les femmes avec les enfants de l’autre, répartis en deux colonnes, se dirigent vers les médecins SS qui, d’un geste de la main les envoient à la mort ou au travail. Les vieillards, les malades, les infirmes, les mères avec enfants, les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les personnes jugées non nécessaires à l’économie de guerre allemande sont destinés au gazage immédiat. Conduits au bunker en camion ou à pied, au prétexte qu’ils vont subir une désinfection, il leur est demandé de se déshabiller.

Environ 800 personnes entrent en même temps. Une fois la porte verrouillée, les SS introduisent le Zyklon B par des orifices prévus à cet effet. L’agonie dure plusieurs dizaines de minutes. Une demi-heure après, les portes s’ouvrent. Les cadavres qui recouvrent la surface de la pièce sont souillés d’excréments et de sang. Un Kommando spécial, le Sonderkommando, composé de Juifs de différentes nationalités auxquels cette tâche était imposée, doivent retirer les cadavres de la chambre à gaz, arracher les dents en or et enterrer les corps. Les détenus qui ont survécu à la première sélection, en subissent d’autres régulièrement soit au retour du travail, soit durant l’appel, les plus faibles étant à leur tour assassinés.

Les expériences médicales

Comme dans tous les camps d’extermination et de concentration, les médecins nazis ont d’importantes fonctions à Auschwitz. Ils participent à la sélection des Juifs à l’arrivée du convoi et mènent des expériences médicales, en toute liberté, sur les prisonniers.

Fin 1942, le professeur Carl Clauberg s’installe à Auschwitz où il effectue des expériences sur la stérilisation avec le Dr. Horst Schumann afin de mettre au point une méthode d’anéantissement biologique des peuples honnis par les nazis. Mengele, docteur en médecine et en philosophie mène à partir de mai 1943 des recherches sur les jumeaux et les nains et s’intéresse à d’autres phénomènes tels que la coloration de l’iris de l’œil. Il commence ses expériences dites médicales sur les Tsiganes puis sur les Juifs.

Après un certain nombre d’examens suivis d’une injection de phénol dans le cœur qui tue la victime désignée, il procède notamment à l’analyse comparative des organes. A la demande d’I.G. Farben et en particulier de la société Bayer, différents produits pharmaceutiques sont testés à Birkenau et à Monowitz. Dans le cadre de ces expériences médicales, le Dr. Helmut Vetter inocule le typhus à des détenus pour tester les produits fabriqués par Bayer. Pour les internés sélectionnés, les expériences médicales signifiaient le plus souvent une mort lente et douloureuse.

Birkenau, point de convergence des convois de juifs venant de toute l’Europe

A l’été 1942, les SS aménagent une seconde « ferme » à Birkenau pouvant contenir plusieurs centaines de personnes. Fin septembre 1942, les fosses sont réouvertes et les cadavres brûlés afin d’effacer toutes les traces de ces massacres. En juillet 1942, l’arrivée massive des Juifs d’Europe et une épidémie de typhus amènent les SS à proposer à la firme « J.A. Topf et Fils » d’Erfurt, la construction de quatre Krematorium (associant chambres à gaz, salle de déshabillage et plusieurs fours) qui seront achevés entre mars et juin 1943.

Dans ces installations modernes, il devient possible, en vingt-quatre heures, de brûler près de 4 800 cadavres et de gazer 3 000 personnes en même temps. Les cendres et les débris d’ossements non consumés sont détruits et jetés à la rivière ou utilisés comme engrais. Tandis que les autres centres de mise à mort sont démantelés entre fin 1943 et 1944, à Birkenau l’extermination n’est pas interrompue.

Entre le 15 mai et le 9 juillet 1944, plus de 440 000 Juifs hongrois sont déportés à Auschwitz où la grande majorité est gazée à l’arrivée.

L’arrêt des opérations de gazage et l’évacuation du camp

Fin novembre 1944, Heinrich Himmler donne l’ordre d’arrêter les opérations de gazage et de démanteler les installations de mise à mort. Face à l’avancée rapide de l’Armée rouge, le camp est évacué dans l’urgence : le 17 janvier 1945, « les marches de la mort » entraînent sur les routes 58 000 prisonniers.

Le 27 janvier au matin, les nazis quittent le camp après avoir détruit les crématoires II et III (le 20 janvier) et le crématoire V (le 26 janvier) et incendié les entrepôts du « Kanada ». Les milliers de détenus jetés sur les routes sont contraints de marcher plusieurs jours dans le froid et la neige, sans nourriture, jusqu’à ce qu’ils atteignent Gleiwitz. Ceux qui ne sont pas morts d’épuisement ou qui n’ont pas été abattus sommairement pendant ces marches sont transférés dans les camps de concentration du Reich où beaucoup perdent la vie.

Au moins 1,3 million de personnes ont été déportées à Auschwitz dont 1,1 million de Juifs. Parmi ces derniers, près d’un million y ont été assassinés dont 69 000 Juifs de France. La moitié des 400 000 déportés (dont 200 000 Juifs) enregistrés et soumis au régime concentrationnaire sont morts. Les Juifs morts à Auschwitz constituent à eux seuls 90 % de toutes les victimes du camp. Viennent ensuite les Polonais (74 000), les Tsiganes (21 000) et les prisonniers de guerre soviétiques (15 000).

Pourquoi les alliés n’ont-ils pas bombardé Auschwitz ?

Entre 1941 et 1944, diverses informations sur l’extermination des Juifs parviennent aux gouvernements alliés. La presse britannique, américaine et palestinienne relaie de nombreuses nouvelles notamment l’assassinat de 30 000 Juifs à Kiev à l’automne 1941. Les organisations juives collectent et transmettent aux Alliés de nombreux faits relatifs à l’assassinat des Juifs d’Europe. Le 8 août 1942, Gerhart Riegner, représentant du Congrès juif mondial à Genève, télégraphie à Londres et à Washington que l’Allemagne envisage de massacrer plus de quatre millions de Juifs. Par ailleurs, des témoignages émanant de détenus échappés des camps parviennent également entre les mains des Alliés.

Dès la fin 1942, les informations disponibles (dont le télégramme Riegner) constituent un corpus suffisant pour qu’aucun doute ne subsiste sur le sort des Juifs déportés. Au printemps 1944, des groupes de pression humanitaires et confessionnels engagent Londres et Washington à bombarder Auschwitz-Birkenau et les voies ferrées d’accès. Alors que l’information remonte au plus haut niveau, Churchill suggère de faire appel à l’Armée rouge. John J. McCloy, secrétaire d’Etat adjoint américain à la guerre répond à plusieurs reprises qu’en dépit de la sensibilité des Alliés au problème, l’aviation ne dispose pas des bombardiers nécessaires. Or, les Alliés ont la quasi maîtrise du ciel européen, et, plus encore, le 7 avril 1944, l’aviation américaine photographie les sites d’Auschwitz (dont Monowitz).

Pourtant, les adversaires du projet font valoir que trop de détenus seraient tués dans les bombardements, et que ceux-ci auraient peu d’effet sur le processus d’extermination car il ne faudrait que quelques jours aux Allemands pour relancer les installations. C’est oublier que ces derniers ont mis sept mois pour faire construire les installations du meurtre de masse à Birkenau, commandées à Topf et fils en juillet 1942 et livrées en mars 1943.

En plein massacre des Juifs de Hongrie, le bombardement de ces installations aurait atténué le bilan de la tragédie. C’est pourquoi, si parmi les raisons du refus des Anglo-saxons, il y a la volonté de ne pas donner prise à la propagande nazie selon laquelle les Alliés faisaient la « guerre des Juifs », il faut aussi tenir compte, au mieux de l’indifférence au sort des Juifs, au pire d’un antisémitisme qui imprègne alors une partie des élites dirigeantes de ces pays.

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