L’opération Barbarossa déclenchée en juin 1941 par les Allemands sur le front de l’Est, puis l’entrée en guerre des États-Unis transformant le conflit européen en une guerre mondiale, enclenche au sein des hautes autorités du Reich un processus décisionnel qui va sceller le sort des Juifs d’Europe. D’abord d’ampleur régionale, le génocide des Juifs va se généraliser à l’Europe entière, les nazis mettant en œuvre ce qu’ils nomment la « Solution finale de la question juive ».
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Lorsque est lancée l’offensive militaire contre l’Union soviétique, les membres des Einsatzgruppen reçoivent pour mission d’éliminer sur l’arrière-front les « agents du judéo-bolchévisme », c’est-à-dire, dans le langage nazi, les cadres du parti communiste, les résistants et les hommes juifs, assimilés à des adversaires politiques susceptibles de combattre. C’est ce qui se produit durant les premières semaines. Mais progressivement, le spectre des victimes juives des Einsatzgruppen va s’étendre, d’abord aux femmes, puis aux enfants.
Crédit : USHMM, courtesy of Zydowski Instytut Historyczny Instytut Naukowxo-Badawczy, domaine public
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Cette photo, prise par un membre du SD, fait partie d’une série de douze clichés témoignant du massacre du 15 décembre à Liepaja, sur les rives de la mer baltique. Les neuf femmes se tiennent debout au bord d’un ravin, et attendent d’être fusillées de dos. En présence et sous les yeux, hors champ, d’autres Juifs en attente de leur propre assassinat.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Ce document est l’un des plus importants concernant l’histoire de la « Solution finale ». D’une part il présente un bilan effroyable des tueries perpétrées à l’Est, et d’autre part, il donne à comprendre l’état d’esprit qui habitait les exécutants de ces tueries. Il est rédigé le 1er décembre 1941 par Karl Jäger, commandant de l’Einsatzkommando 3 de l’Einsatzgruppe A en opération en Lituanie. L’auteur, qui rédige ce rapport à la demande du commandant de l’Einsatzgruppe A Walter Stahlecker, explique sur un ton triomphal que ses troupes ont assassiné 137 346 personnes, très majoritairement juives, dont un tiers d’enfants et autant de femmes.
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La décision
La datation exacte de la décision d’assassiner les Juifs continue à faire débat chez les spécialistes, mais tous s’accordent généralement à dire que celle-ci se situe vers la fin de l’année 1941. Elle est le fruit d’une combinaison de facteurs, dont principalement la rencontre entre l’idéologie nazie, dont l’antisémitisme constitue la substance, et les circonstances de la guerre, qui traverse un tournant crucial en 1941. Un certain nombre de déclarations d’éminents représentants du régime hitlérien attestent de cette prise de décision.
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Lors d’un discours devant le Reichstag au début de l’année 1939, Hitler annonce ce qu’il appelle sa « prophétie » : si la guerre devient mondiale, il tiendra les Juifs pour fautifs, et ils seront alors « anéantis ». Cette prophétie sera reprise dans divers discours, dont le 1er janvier 1942, alors que les combats sur le front de l’Est se durcissent et se prolongent, et que les États-Unis viennent d’entrer en guerre.
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Initialement prévue pour le 9 décembre 1941, la conférence de Wannsee est repoussée au 20 janvier 1942, vraisemblablement en raison des événements militaires qui bousculent l’avancée de la guerre. L’objectif de cette réunion interministérielle est d’obtenir l’aval et la collaboration de la bureaucratie nazie, afin d’organiser la coordination et le partage des compétences dans l'exécution de la « Solution finale » d’ores et déjà décidée, et dont la mise en œuvre a débuté (gazages à Chelmno, début de la construction des installations de mise à mort de l’Aktion Reinhardt, etc.)
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Le 29 décembre 1942, Himmler présente un tableau détaillé à Hitler attestant de l’assassinat, en l’espace de trois mois (août-novembre 1942), de 363 211 Juifs dans les territoires occupés de l’Union soviétique. Le contenu de ce rapport ne laisse planer aucun doute quant à la nature de la « Solution finale » et aux attentes qui sont désormais celles de Hitler.
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Tenues dans le cadre d’une réunion de hauts gradés de la SS et alors que la mise en œuvre de la « Solution finale » est déjà largement avancée, ces déclarations de Himmler attestent du génocide en cours contre les Juifs. La référence aux femmes et aux enfants est ici importante à souligner. Tout comme l’absence totale d’ambiguîté dans les termes employés pour définir le processus en cours.
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L’Aktion Reinhardt
La politique des ghettos ayant permis la concentration et la fragilisation de centaines de milliers de Juifs, les nazis font faire de la liquidation des ghettos et de l’assassinat des Juifs du Gouvernement général une priorité. Cette opération, qui se déroulera entre mars 1942 et octobre 1943, aura pour nom de code « Aktion Reinhardt ».
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Dans ce courrier faisant référence aux Juifs « inaptes au travail » pour lesquels « il ne saurait avoir de scrupule » à les « supprim[er] en utilisant la méthode de Brack »,
Wetzel livre trois points essentiels concernant l’Aktion Reinhardt :
- la décision d’assassiner les Juifs du Gouvernement général, en particulier les femmes, les enfants et les vieillards ;
- la question, éminemment débattue au sein des sphères décisionnelles du Reich, du sort à réserver à court terme aux hommes en âge de travailler et à ce titre utiles à l’économie de guerre (à long terme, ils demeurent condamnés au même titre que les autres Juifs) ;
- le lien entre l’Aktion Reinhardt et l’Aktion T4, qui avait consisté en l’ « euthanasie » des handicapés et malades mentaux du Reich, opération officiellement suspendue en raison des protestations notamment émises par l’Église.
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De juillet à septembre 1942 se déroula la « grande action », l’assassinat à Treblinka d’environ 300 000 Juifs transférés depuis le ghetto de Varsovie. Rassemblés sur l’Umschlagsplatz et embarqués dans des wagons de marchandises, ils furent conduits et gazés à Treblinka. Le président du Conseil juif du Ghetto, Adam Czerniakow, forcé de mettre ses hommes à la disposition des Allemands, se suicida.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC / Institut historique de Varsovie
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Le transfert et l’assassinat à Treblinka de la majorité des habitants du ghetto de Varsovie ne laissèrent qu’un peu plus de 70 000 Juifs répartis dans quelques ilots isolés du quartier fermé. Une résistance armée s’organisa et, après avoir pris le contrôle du ghetto, déclencha un soulèvement au mois d’avril 1943. Plusieurs milliers de résistants furent tués au combat. Après avoir arrêté et envoyé à Treblinka près de 60 000 des derniers habitants du ghetto, les Allemands l’incendièrent maison par maison. Seuls quelques survivants parvinrent à s’extraire du ghetto.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Auschwitz-Birkenau
Situé en haute Silésie, intégré au plus grand complexe concentrationnaire nazi, celui d’Auschwitz, le centre de mise à mort de Birkenau fut le seul à vocation entièrement européenne. 1. 100 000 Juifs de diverses nationalités y furent acheminés, dans leur immense majorité, gazés dès leur arrivée : ce lieu demeure le plus grand cimetière juif de la Seconde Guerre mondiale. La double fonction d’Auschwitz (camp de concentration et centre de mise à mort) en fait sa spécificité et sa complexité.
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La « zone d’intérêt du camp » d’Auschwitz s’étendait sur 40 km², autour des trois camps principaux qu’étaient le Stammlager Auschwitz I, Auschwitz II-Birkenau et Auschwitz III-Monowitz et d’une quarantaine de sous-camps.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Jusqu’au mois de mai 1944, les convois acheminés à Birkenau arrivaient sur la Judenrampe, la « rampe des Juifs ». En prévision de la déportation de plus de quatre cent mille Juifs de Hongrie, les autorités allemandes décidèrent de prolonger les rails jusqu’à l’intérieur du camp de Birkenau, ramenant la rampe de débarquement au plus près des installations de mise à mort. L’efficacité industrielle de l’assassinat des Juifs devint optimale.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Souvent perçue comme l’une des représentations fortes de la « Solution finale », la sélection était un procédé spécifique à Auschwitz et aux convois de Juifs. Spécifique à Auschwitz, car seul ce lieu à double fonction – concentrationnaire et de mise à mort – nécessitait un tel « tri » à l’arrivée des convois. Spécifique aux Juifs, car ils étaient la seule catégorie d’arrivants à mourir à leur arrivée dans 80 % des cas.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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L’arrivée des trains à l’intérieur de Birkenau et le débarquement des convois sur la Bahnrampe, ne plaçaient les Juifs qu’à quelques dizaines de mètres des chambres à gaz et crématoires II et III, qu’ils parcouraient rapidement à pied avant d’être gazés.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Cette photo, issue d’une série de 193 clichés pris par des officiers allemands lors de l’arrivée des convois de Juifs hongrois à Birkenau, constitue un témoignage unique de l’assassinat des Juifs à Auschwitz. La série débute par des photographies prises à l’arrivée d’un convoi, et se termine au seuil des chambres à gaz.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Les quatre clichés pris à l’insu des autorités nazies, par ce Juif grec employé à l’extraction et à la crémation des cadavres des Juifs assassinés dans la chambre à gaz V de Birkenau (les chambres à gaz IV et V n’étant pas dotées de fours crématoires) constituent malgré elles la suite de la série prise par les deux officiers allemands. Ce sont les seules photographies connues à ce jour de l’assassinat des Juifs tel qu’il était en œuvre à Birkenau.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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