Alors que les Juifs de l’Est sont pris au piège de la politique des ghettos mise en œuvre par les Allemands, d’autres États édictent leur propre arsenal de mesures antisémites. C’est le cas notamment du régime de Vichy, instauré à l’été 1940 sur les ruines de la IIIe République, dont la législation antijuive se double des persécutions conduites par l’occupant allemand.
L’exclusion légale des Juifs de France
Victimes dès l’été 1940 de diverses mesures d’exclusion s’appliquant aux étrangers mais les visant tout particulièrement, les Juifs de France sont rapidement la cible de l’antisémitisme du régime de Vichy.
Les mesures allemandes
Au même titre que les mesures prises par Vichy, elles touchent les Juifs dans leur vie la plus quotidienne et visent à les exclure de toute existence sociale.
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Les autorités d’occupation allemandes en France imposent, à compter du mois de juin 1942 en zone occupée, le port d’une étoile jaune à tous les Juifs de plus de six ans, afin de les stigmatiser et les rendre détectables par les services d’ordre. Nombre de Juifs appliqueront cette consigne au cours des premiers mois de sa promulgation. Les grandes rafles de l’été 1942 réduiront de beaucoup le port de cet insigne discriminatoire.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC Coll. Bidermann
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Par ordonnance du 8 juillet 1942, les autorités d’occupation interdisent aux Juifs d’accéder à la plupart des lieux publics de la zone occupée. Sont ainsi concernés les restaurants et cafés, les lieux de culture (théâtres, cinémas, musées, etc.), les loisirs (parcs, piscines, etc.), les marchés, etc. Certains lieux, tels les restaurants juifs, leur étaient alors exclusivement réservés afin d’accentuer la ségrégation.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Des instructions sont ainsi données afin que les Juifs ne puissent dès lors plus voyager qu’en deuxième classe et dans la dernière voiture des trains. Il est précisé qu’« aucune affiche n’est apposée ni aucun communiqué fait en public ». C’est aux employés du métropolitain (receveuses et contrôleurs) de faire appliquer ces instructions.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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La dépossession
À l’identique des mesures économiques mises en œuvre dans le IIIe Reich des années 1930, les Juifs de France sont frappés d’« aryanisation », processus légal organisant leur dépossession et exigé tant par les autorités d’occupation que par Vichy. Un certain nombre de lois sont promulguées et s’appliquent à l’ensemble du territoire français, en zone sud comme en zone nord.
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Afin de rendre publiques les mesures d’expropriation décidées en zone occupée par les autorités d’occupation, des affichettes sont placardées sur les entreprises et commerces dits « juifs ». Des affiches similaires seront placardées en zone sud par décision du commissariat général aux Questions juives.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Les entreprises confisquées aux Juifs faisaient l’objet de ventes aux enchères et permettaient à des Non-Juifs de reprendre l’activité sous couvert de légalité.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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Le CGQJ pouvait également produire des « certificats de non-influence juive » afin de lever les soupçons pesant sur certaines entreprises.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC
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L’internement
Parmi les premières mesures antisémites du régime de Vichy figure la loi du 4 octobre 1940 qui permettait l’internement, par mesure administrative, des Juifs étrangers présents sur le sol français. Les premières arrestations massives de Juifs par les Allemands en zone occupée puis en zone libre vont marquer une seconde étape de l’internement des Juifs de France, avant que le camp de Drancy ne devienne l’antichambre d’Auschwitz lorsque sera mise en œuvre la « Solution finale ».
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Comme celui de Beaune-la-Rolande, le camp de Pithiviers avait été implanté dans le Loiret en raison de la proximité avec Paris. Destiné dans un premier temps à l’internement des prisonniers de guerre allemands, il servira sous Vichy de camp d’internement puis de transit pour les Juifs, notamment ceux arrêtés lors des rafles de l’été 1942. Entre 1941 et 1943, ce seront plus de 16 000 Juifs qui y seront internés, dont 4 700 enfants. La plupart seront déportés et assassinés à Auschwitz.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC Coll. ministère des Affaires étrangères
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Ce document montre l’entremêlement des différentes structures d’internement pour les familles juives étrangères repliées dans le sud de la France, souvent dans l’attente d’un départ hors d’Europe. Selma Adler est née en Allemagne et arrivée en France en 1940. Après un séjour au camp d’internement de Rivesaltes, Pyrénées-Orientales, elle est arrivée à Marseille en décembre 1941. Son époux et son fils de dix-sept sont pour leur part internés au camp des Milles, situé à proximité d’Aix-en-Provence, Bouche-du-Rhône. Elle déclare vouloir se rendre aux États-Unis.
Crédit : Archives départementales des Bouches-du-Rhône
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La cité de la Muette, construite dans les années 1930, fut en premier lieu réquisitionnée par les Allemands afin d’y interner notamment des prisonniers de guerre. Mais sa fonction changea avec les rafles du mois d’août 1941, à l’issue desquelles 4 230 Juifs y furent rassemblés.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC / Süddeutscher Verlag Bilderdienst
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La cité de la Muette, devint à l'issu des rafles du mois d'août 1941, un lieu d’internement pour les Juifs. D’abord réservoir d’otages servant à la politique de représailles des autorités d’occupation, le camp devint un camp de transit pour les Juifs arrêtés en France en vue de leurs déportation et leur assassinat à Auschwitz.
Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC Coll. Francis Van Kote
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