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Textes officiels

Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel.

Document d'archive

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Port de l'étoile jaune

Georges (12 ans), Clément (10 ans) et Bernard (8 ans) Bidermann posant avec l’étoile jaune à Paris, rue des Pyrénées, en juin 1942.
 Crédit : Mémorial de la Shoah / CDJC Coll. Bidermann

Le tournant de l'été 1942

L'année 1942 marque le début de la mise en œuvre de la « Solution finale » à l’échelle européenne. Le 27 mars, un premier convoi de déportés juifs quitte la France pour Auschwitz. Soixante-treize autres suivront, la plupart pour cette même destination.

Au cours de cette année 1942, les persécutions s’intensifient : en juin, en zone occupée, les Allemands obligent les Juifs à porter l’étoile jaune. L’accès à la plupart des lieux publics leur est interdit. L’exclusion se renforce. Reinhard Heydrich se rend à Paris le 5 mai 1942 afin d’installer le général SS, Karl Oberg, comme chef de la SS et de la police en France et pour lancer la préparation des déportations massives. Adolf Eichmann, le chef de la section antijuive du RSHA, se déplace à son tour le 30 juin.

Début juin, Oberg entame des négociations avec les autorités françaises sur l’organisation et les conditions de mise en œuvre de l’arrestation, du transfert et de la déportation des Juifs de France, négociations qui aboutissent le 2 juillet 1942 à la signature d’un accord officiel avec René Bousquet, secrétaire d’Etat à la Police de Vichy représentant le gouvernement. L’accord valide la participation des forces de l’ordre françaises aux arrestations de Juifs, fixe le nombre de Juifs à arrêter et à livrer ainsi que les critères d’arrestation, et acte le transfert de Juifs depuis la zone sud, alors non occupée, en vue de leur déportation.

Réclamée par l’occupant et menée exclusivement par la police française, la rafle des 16 et 17 juillet 1942, dite rafle du Vel’ d’Hiv’, marque un tournant décisif dans l’application de la « Solution finale de la question juive » en France. Pour la première fois, les femmes et les enfants ne sont pas épargnés. Cette rafle visant essentiellement les Juifs étrangers se solde par l’arrestation, à Paris et en banlieue, de 12 884 personnes dont 4 051 enfants de 2 à 16 ans.

Environ 3 000 d’entre eux, de nationalité française car nés en France, sont séparés de force de leurs parents. Les autorités de Vichy obtiennent de Berlin qu’ils soient également déportés. Les victimes de cette rafle sont transférées dans les camps du Loiret ou directement à Drancy, camp de transit d’où partent les convois à destination d’Auschwitz-Birkenau.

Les mois suivants, d’autres arrestations ont lieu en zone occupée, notamment parmi les Juifs incorporés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE).
Au cours de l’été, le gouvernement de Vichy, soucieux d’atteindre le quota de Juifs à déporter, fixé lors des négociations, livre aux Allemands des milliers de Juifs étrangers jusqu’alors internés dans les camps de la zone libre. Dans les principales villes de cette zone, il organise par ailleurs une grande rafle entre le 26 et le 30 août.

Cependant, les persécutions et les arrestations émeuvent une partie de la population dont la grande majorité était restée jusqu’à alors indifférente ou passive. Quelques hautes personnalités de l’Eglise catholique ou réformée protestent publiquement. L’État français ralentit alors sa collaboration policière avec l’occupant. Des actions clandestines de sauvetage, notamment celui des enfants, se multiplient. Ces actes de résistance civile sont l’œuvre de Juifs et de non-Juifs.

L'aide aux juifs et la résistance juive en France

En effet, en France, les grandes rafles de l’été 1942 – qui concernent pour la première fois des familles entières – suscitent une réaction indignée dans une partie de l’opinion publique, jusqu’alors peu sensible aux persécutions commises contre les Juifs. Une partie de l’épiscopat français, plus particulièrement en zone libre, se manifeste. De hautes personnalités comme Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, Mgr Théas, évêque de Montauban, Mgr Delay, évêque de Marseille, le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, ou le pasteur Marc Boegner, protestent contre l’arrestation, les mauvais traitements et la remise des Juifs à l’occupant. Des institutions religieuses, des couvents, participent à l’accueil sous de fausses identités d’enfants, notamment ceux dont les parents étrangers sont enfermés dans les camps d’internement ou sont déjà déportés. Dans le milieu rural, des initiatives individuelles et spontanées se manifestent également. Ces interventions et la désapprobation d’une fraction de la population ont un réel impact sur l’opinion publique.

Mais surtout, les Juifs prennent en charge leur propre sauvetage à travers les actions conduites par des organisations juives comme l’Œuvre de secours aux enfants, parfois appuyées par des organisations non juives, pour la plupart caritatives et religieuses. Cette Résistance a revêtu divers aspects selon les circonstances et les lieux. Le rôle des femmes, souvent jeunes, est exemplaire, notamment dans le sauvetage des enfants qu’elles ont cachés ou fait passer en Suisse. La conjonction de toutes ces actions, juives et non juives, contribue grandement à la survie des trois quarts des Juifs de France ; un phénomène favorisé aussi par la géographie du territoire et les conditions de l’occupation du pays.

Par ailleurs, de nombreux Juifs de France s’engagent contre l’occupant au sein de la Résistance intérieure ou extérieure, suscitant également la création de mouvements juifs spécifiques comme l’Organisation juive de Combat ou l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide qui regroupe les organisations juives communistes. L’engagement des Juifs en résistance prend ainsi de multiples formes : poursuite du combat à Londres aux côtés du Général de Gaulle, lutte armée en métropole au sein de mouvements et de réseaux juifs ou non-juifs (Franc-Tireur, Libération, Combat, etc.), engagement dans les troupes de la France libre…

De l'invasion de la zone Sud à la libération

Le 11 novembre 1942, la zone sud est envahie par les Allemands et les Italiens. La zone italienne, dans le sud-est de la France, constitue alors un refuge pour les Juifs mais, suite à l’armistice signé en septembre 1943 par l’Italie avec les Alliés, l’intégralité du territoire est occupée par les Allemands. Même si les forces de l’ordre françaises demeurent impliquées, le régime de Vichy se montre plus réticent dans sa collaboration en la matière. Les troupes du IIIe Reich se chargent le plus souvent des arrestations, appuyées par la Milice.

Les persécutions, les arrestations et les déportations se poursuivent jusqu’à la Libération, frappant désormais l’ensemble des Juifs. Le 6 avril 1944, quarante-quatre enfants et leurs éducateurs sont raflés à Izieu (Ain) par Klaus Barbie, l’un des chefs de la Gestapo à Lyon. En juillet de la même année, Aloïs Brunner, alors commandant du camp de Drancy, fait arrêter en banlieue parisienne plus de 230 enfants et adolescents qui sont déportés le 31 juillet, moins d’un mois avant la libération de la capitale.

De nombreux Juifs sont par ailleurs arrêtés voire assassinés par la Milice, comme à Rillieux-la-Pape près de Lyon, où Paul Touvier, son responsable local, fait exécuter sommairement sept otages le 29 juin 1944. Dans les derniers jours de l’Occupation, ils sont encore plusieurs centaines à être massacrées en divers lieux, dont des personnalités comme Jean Zay ou Georges Mandel. 76 000 Juifs – dont 11 000 enfants – ont été déportés de France. Environ 2 500 sont revenus, soit 3 %.

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