Les attentes du voyage doivent être précisées. La découverte de sites historiques ne se substitue pas aux cours. Elle en est fondamentalement complémentaire. Les connaissances acquises en classe constituent un socle fondateur nécessaire à la compréhension et à la mise en perspective de celles apportées lors du déplacement. Les bases idéologiques du nazisme et de l’antisémitisme, la politique du IIIe Reich, le contexte de la Seconde Guerre mondiale, notamment en Allemagne, en France et en Pologne, le régime de Vichy, la mise en œuvre de la Shoah, représentent ainsi un ensemble de sujets à traiter en amont du voyage.
Cependant, la visite sur le terrain viendra renforcer les connaissances transmises et permettre leur approfondissement. Elle suscite souvent une compréhension nouvelle des phénomènes évoqués, grâce au croisement de l’appréhension physique et personnelle des lieux, des apports historiques des accompagnateurs, des guides et des éventuels rescapés présents.
En outre, la définition d’un projet pédagogique sur l’histoire et la mémoire de la Shoah permet de créer un lien utile entre les diverses phases du dispositif, tout en consolidant l’intérêt des élèves dans la durée. Il contribue aussi à éviter les dérives touristiques en maintenant le voyage dans une perspective éducative. Le thème choisi doit être le plus cohérent, le plus en phase avec l’objet et la destination du voyage, tout en s’adaptant à la filière et au niveau des élèves. Il s’agit par exemple de ne pas élaborer un projet général sur la Seconde Guerre mondiale ou centré sur l’évocation du système concentrationnaire, alors que l’assassinat des Juifs s’est déroulé massivement en dehors de ce système.
Des projets ancrés dans l’histoire locale suscitent souvent un impact positif. Ils permettent de bien montrer la proximité géographique d’une étape fondatrice du crime avec certains aspects du quotidien des élèves. Ils contribuent aussi à restituer pleinement aux personnes juives leur identité et la pluralité des parcours à travers l’évocation des destins avant-guerre, au-delà de leur statut de victimes.
Les ressources et l’expertise des archives départementales et des institutions engagées dans la transmission de l’histoire et la préservation de la mémoire de la Shoah sont au service des enseignants.
Une approche pluridisciplinaire apporte également un enrichissement du projet, croisant potentiellement l’histoire, les lettres, les arts, les langues vivantes, les ressources du CDI. Elle favorise aussi l’intégration du dispositif dans la vie de l’établissement en créant une dynamique collective. Cependant, l’apport de l’histoire demeure primordial afin d’assurer aux participants les connaissances indispensables.