Préparer la commémoration en classe
Le principe d’une commémoration est de se souvenir ensemble d’un événement ou d’une personne que l’on estime important dans la construction et dans l’identité du groupe. La commémoration peut à cet égard avoir un rôle pédagogique. Elle permet de transmettre et rappeler l’histoire de l’objet de la commémoration. Elle est particulièrement destinée aux jeunes afin d’entretenir cette mémoire.
L’organisation de telles commémorations convient plus particulièrement aux élèves du premier degré. Pour le second degré, une série d’activités adaptées vous sont également proposées : travail sur les documents d’archives, débats autour des dates et lieux commémoratifs…
La commémoration ne trouve sa portée pédagogique que par le travail préparatoire l’accompagnant en amont. L’enseignant peut aborder la commémoration par une approche thématique.
La mémoire
Objectifs :
- Jouer et se familiariser avec la mémoire
- Élaborer une définition de la mémoire
- Élargir la notion de mémoire individuelle à celle de la mémoire collective
Piste pédagogique : définir la mémoire
- Enrichir le vocabulaire lié à la mémoire.
- Établir une liste d’objets qui nous permettent de ne pas oublier (cahier de texte, post-it, carte postale, photo, etc.).
- Citer des expressions comportant le mot mémoire (Avoir un trou de mémoire / Avoir une mémoire d’éléphant / Avoir la mémoire courte / Se rafraîchir la mémoire / Graver dans la mémoire / Avoir la mémoire qui flanche…) et illustrer au sens propre à la manière d’Alain Le Saux.
- A partir de ce travail, élaborer une définition de la mémoire.
Piste pédagogique : souvenirs d’école
- Raconter un souvenir d’école marquant à partir d’un objet, d’un espace ou d’une personne à la manière de Georges Pérec : « Je me souviens de l’odeur de la colle que l’on utilisait à l’école… »
Piste pédagogique : archéologie de l’école
- Partir à la recherche de la mémoire de l’école pour se forger une mémoire commune au groupe classe en remontant dans l’histoire de l’école. Observer, décrire, dessiner ou photographier des traces du passé de l’école (ancienne inscription, graffiti, plaque, etc.).
- Réaliser ensuite un rapport d’enquête en s’inspirant des méthodes archéologiques.
Piste pédagogique : l’école au passé, présent, futur
- Montrer des photographies de l’école, en noir et blanc et en couleur, du mobilier, du matériel etc...
- Réaliser une frise chronologique : en collant des photographies de l’école avant, pendant et après la guerre, à associer à un événement particulier ou à un homme.
- Retrouver des images de l’école d’hier et d’aujourd’hui, et imaginer son évolution.
Piste pédagogique : « La mémoire c’est du souvenir en conserve », Pierre Dac, Les Pensées, 1972.
- Quels sont les moments forts vécus ensemble, à l’école, cette année ?
- Réaliser un coffre à trésors pour contenir ces souvenirs.
La « commémoration »
Commémoration signifie étymologiquement se souvenir ensemble.
Une commémoration est une cérémonie officielle organisée pour conserver la conscience nationale d'un événement de l'histoire collective et servir d'exemple et de modèle. Elle donne lieu à des événements culturels en dehors de la cérémonie. Les commémorations peuvent être nationales ou locales, régulières avec des dates de commémoration ou occasionnelles.
Piste pédagogique : nommer pour ne pas oublier
- En partant des prénoms des enfants, imaginer leur étymologie, leur histoire et rédiger le livre des noms de la classe.
- Chercher l’origine du nom de l’école et de la rue.
- Construire un panneau historique de la rue de l’école
Piste pédagogique : lecture de la plaque de l’école
- Débat : dans l’école, qu’est-ce qui reste du passage des élèves ? Un cahier d’appel, les livrets, les photos de classes, les travaux d’enfants, les souvenirs d’un enfant ou d’un enseignant.
- Observation : décrire les plaques, expliquer les dates, rechercher les noms inscrits sur la plaque et trouver leur origine, leur signification.
Proposer un répertoire de chansons et de textes
« Les enfants pendant la guerre »
« Les enfants pendant la guerre »
On ne peut rendre hommage à une personne ou commémorer un événement sans avoir pris connaissance de son histoire. Avec des enfants, il ne s’agit pas de remémorer un fait vécu ou connu de tous mais de prendre connaissance de ce fait.
Objectifs :
- Aborder la période historique.
- Mettre en place la chronologie des événements.
Piste pédagogique : situer les événements dans le temps
Objectif : Aborder la notion d’exclusion des juifs en France
- Réalisation d’une frise chronologique de 1939 à 1945 à partir des documents d’archives.
- Coller les photos sur la frise et rédiger les légendes.
Les documents proposés :
La poignée de main à Montoire, le recensement, la carte d’identité avec le tampon juif, la photographie de l’école dans les années 40, un enfant portant l’étoile, la photographie d’une bibliothèque dans les années 40, la page d’un registre de bibliothèque, la photographie de la sortie de classe en forêt, la photographie d’un parc à jeu, la photographie d’un conservatoire, ou d’une rue dans les années 40, la lettre d’exclusion d’un conservatoire
Piste pédagogique : à l’écoute de la guerre
- A partir de l’écoute d’archives sonores, identifier la nature de ces sons : chansons, discours, reportages, témoignages…
- Décoder ces messages radiophoniques.
Piste pédagogique : lecture partielle ou complète d’un témoignage d’enfant caché
ex : Jean-Pierre GUENO (dir.), Paroles d’étoiles. Mémoire d’enfants cachés 1939-1945, Librio, Radio France, Paris, 2002.
- Débat : réfléchir sur les droits des enfants : se nourrir, apprendre, s’amuser
Visite d'un musée ou lieu de mémoire
La cérémonie autour des plaques apposées dans les écoles primaires
Objectifs :
Redonner du sens à ces plaques, en les resituant dans leur contexte historique, mais aussi en ancrant l’histoire de la Shoah dans l’histoire locale.
Conseils :
- Impliquer tous les membres de l’équipe pédagogique, du directeur d’établissement jusqu’aux intervenants (professeurs de musique, d’arts plastiques, bibliothécaires…).
- Tenir les parents d’élèves informés du projet d’établissement.
- Faire participer les classes de CM1 et CM2, donc tous les deux ans, pour éviter un sentiment de rejet de la part des élèves.
- Adapter le répertoire musical à l’âge des enfants.
- Après la cérémonie : Afin d’avoir un retour sur la commémoration et de permettre aux enfants d’extérioriser les émotions, prolonger l’activité sur la mémoire collective.
Piste pédagogique :
Quels sont les moments forts vécus ensemble à l’école, cette année ? « La mémoire, c’est du souvenir en conserve » : à partir de cette citation de Pierre Dac (les Pensées, 1972), réaliser une boîte à trésors contenant les souvenirs de classe.
Exemple d’une cérémonie : À l’école élémentaire d’application de La Brèche Aux Loups, Paris XIIe, le samedi 28 mai 2011
Préparation :
- Préparation en classe des enseignants.
- Intervention du directeur dans les classes à l'aide d'un Power Point sur l’histoire de l’école contenant notamment des photographies des registres des élèves de cette école pendant la Seconde Guerre mondiale
- Ateliers pédagogiques sur les enfants cachés au Mémorial de la Shoah.
Pour obtenir des informations sur les ateliers pédagogiques, contacter Adeline Salmon, coordinatrice des ateliers pédagogiques pour le premier degré au Mémorial de la Shoah :
Tél. : 01 53 01 17 87
Email : adeline.salmon@memorialdelashaoh.org
Périodicité :
- Tous les deux ans depuis 2005, date de la pose de la plaque. Chaque fois qu’une promotion de CM1-CM2 part pour le collège, le directeur reprend ce travail de mémoire avec les nouveaux élèves de CM1-CM2.
Lieu et matériel :
- La cour de l’école
- Des bancs et quelques chaises
- Une longue table sur laquelle est disposé un grand vase avec quarante roses blanches (correspondant au nombre d’enfants figurant sur la plaque) et un micro
Acteurs :
- Les enfants vêtus d’une chemise blanche, rangés par classes, se faisant face
- Les professeurs de musique, au milieu, assis sur des chaises en formation musicale : violoncelle, violon, guitare et piano
- Le public, composé des familles et de personnalités officielles, assis sur des bancs ou debouts
Déroulement :
- Allocution du directeur
- Lecture des poèmes évoquant la vie et la mort : Fête et Le Miroir brisé de Jacques Prévert ;
- Comptines enfantines en yiddish pour rappeler la vie de ces enfants :
A fiddler « Le petit violon » de Shmouel Tzesler (Yiddish Folk Songs/Margaritkelekh, Chava Alberstein, NMC Music Ltd, 1994)
Di kats mit bloye oygn « Le chaton aux yeux bleus » de Jacques Grober (Chansons yiddish d’Hier et d’Aujourd’hui, Jacques Grober, Patrimoines Musicaux Juifs, Buda Musique, 2008)
- Lecture des noms : les enfants s’approchent deux par deux de la table couverte de roses, saisissent une fleur pour la déposer dans le vase tandis qu’un autre enfant prononce à voix haute dans un micro le nom, le prénom et l’âge de chaque enfant juif déporté, ayant été scolarisé dans cet établissement.
- « Toi, le cœur de la rose », tiré de L’Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel, chanté par les enfants et dirigé par le professeur de musique.